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24/03/2025

André Lavacourt vit-il encore dans la plus secrète mémoire des hommes ?

Photographie (détail) de Juan Asensio.

76761850.JPGLes Français de la décadence d'André Lavacourt : (riche) dossier sur un roman maudit.











Style particulièrement extrême. La France de 1972 tout à fait décomposée voire abandonnée au cours du récit par l’Amérique, et à la fin, c’est l’invasion russe qui se fait en laissant aux américains le temps d’évacuer l’Europe afin d’éviter tout incident.*


IMG_6808.jpgIl est après tout évident, finit-on par se dire dès que l'on prend quelques millimètres de recul et qu'on parvient ainsi à décoller son regard, médusé, vampirisé, happé par l'inextricable réseau scintillant qui semble avoir emprisonné la planète tout entière, mais aussi s'étendre vers son passé, phagocyter son présent perpétuellement fugace et tenter de s'infiltrer dans le plus minuscule interstice du futur, réseau fascinant et destructeur de cette Toile planétaire douée d'une conscience élémentaire mais pas moins vorace et, surtout, inimaginablement obsédée par le fait de capturer, d'enclore puis de digérer la plus petite miette d'information, il est plus qu'évident de prétendre, comme Mohamed Mbougar Sarr que, «d'un écrivain et de son œuvre, on peut au moins savoir ceci : l'un et l'autre marchent ensemble dans le labyrinthe le plus parfait qu'on puisse imaginer, une longue route circulaire, où leur destination se confond avec leur origine : la solitude» (1), et c'est à vrai dire toute la trame du roman de Sarr, intéressant même s'il est trop didactique pour prétendre à un autre rang que celui d'un texte intelligent, et même suffisamment intelligent pour faire se pâmer d'aise les blaireaux et les moutons, les poules et les bécasses de la flache éditorialo-journalistique germanopratine qui, comme tous les ans, mais cette fois-ci un peu plus fort, avec un peu plus de certitude et d'enthousiasme, aura frétillé d'aise, IMG_6775.JPGjappé, uriné, même, pour certains bien trop excités, en tout cas unanimement juré que nous tenions, avec ce roman un peu trop intelligent pour être tout à fait honnête, un vrai chef-d’œuvre, un de plus donc, à ajouter à la longue liste serpentant comme un ténia des chefs-d’œuvre annuels, mais qui, lui, a été oint du saint-chrême du prix Goncourt, intelligent donc et même diablement intelligent si l'on y tient, sulfureux parfois, mêlant les destinées de Rimbaud, de Yambo Ouologuem auquel le roman est dédié par Sarr ou encore de Benno von Archimboldi qui traverseraient, en plus de l'Amérique du sud, de l'Afrique, de l'Europe et du nazisme, la colonisation et la décolonisation (la prochaine étape, à laquelle l'auteur a sans doute songé, songera, ou qu'un autre mettra en pratique, consistera à faire de Rimbaud une Rimbaude, et ainsi à nous montrer que l'errance géographique se double toujours d'une quête de son identité sexuelle, et la boucle du narcissisme sera alors bouclée, jusqu'à la prochaine avancée littéraire jugée, par nos brebis, bécasses, poules, dindons et paons, absolument remarquable et digne du plus grand intérêt, voire comme ce qu'elle ne manquera pas d'être : un chef-d’œuvre de plus), avec ce roman vraiment intelligent, très intelligent si l'on y tient, mais qu'est-ce que l'intelligence de critiques littéraires contemporains, surtout s'ils sont Français et journalistes, cela, au moins, Sarr a bien raison de le moquer, mais trop pressé quand même ce roman, le roman et non Sarr, encore que, de faire des clins d’œil en pagaille, pour IMG_6920.jpgle moins appuyés, à Borges, Bolaño, Sábato et Gombrowicz, à Rimbaud et Yambo Ouologuem donc, et c'est cette trame intelligente mais beaucoup trop didactique à mes yeux, récompensée par la ménagerie journalistique française, donc parisienne, à peu près unanime dans son bêlement, à moins qu'il ne s'agisse d'un rot ou d'une flatulence extasiés, qui pourrait servir de parabole elle-même un peu trop didactique et pas vraiment subtile, à ma propre quête d'André Lavacourt, franchement plus mystérieux que T. C. Elimane sur lequel Sarr a pu écrire un roman entier, car, «si on pouvait douter qu'ai réellement existé, à une époque, un homme appelé T. C. Elimane, ou se demander si ce n'était pas là le pseudonyme qu'un auteur s'était inventé pour se jouer du milieu littéraire ou s'en sauver, nul, en revanche, ne pouvait mettre en doute la puissante vérité de son livre : celui-ci refermé, la vie vous refluait à l'âme avec violence et pureté», ce que nous pourrions par exemple dire, sans trop d'exagération je crois et dans le silence qui tout à coup se serait immanquablement fait dans la ménagerie plus haut évoquée, des Français de la décadence d'André Lavacourt.

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Fil de la trame

1) - Série de lettres d'un agent spécial (USA) à une femme ou fiancée. Il décrit la décadence partout + affaire d'espionnage à laquelle il s'intéresse sans parvenir à l'élucider.


En tout cas, la série de notes que j'ai consacrées à ce puissant roman qui, à l'inverse de celui de Sarr, n'a jamais été célébré, sinon de quelques grands noms (Nimier, Rebatet, Déon, père, évidemment), fugacement, sous la forme d'articles publiés dans des revues devenues elles-mêmes introuvables, et qui n'a pas été vraiment commenté en tant que roman singulier, à part entière, création littéraire, notes dont celle-ci est la sixième, montre qu'il agit comme un de ces disques d'accrétion qui, dans l'espace intersidéral, attirent vers eux tout ce qui s'approche d'eux, la matière capturée irrévocablement y tournant de plus en plus inconcevablement vite jusqu'à s'engouffrer dans la gueule de l'ogre, puisque je n'ai jamais séparé mes recherches de la lecture de romans ou de livres qui, inévitablement, pouvaient m'y ramener, m'y aiguiller ou, plus simplement encore, me faire penser au destin d'André Lavacourt, auteur d'un seul roman (vraisemblablement) publié sous ce nom, auteur d'une multitude de textes et de nouvelles (vraisemblablement là encore) publiés et dont j'ai fini par découvrir quelques-uns, mais aussi de manuscrits envoyés chez des éditeurs et dont je n'ai pas retrouvé la moindre trace autre qu'une mention dans sa correspondance. Certains matins, prolongeant, quelques secondes durant, l'impression pénible laissée par des rêves que je ne puis qualifier que de borgésiens, j'ai l'impression, tenace, que la réalité dans laquelle nous vivons a moins de consistance que les livres que j'ai lus, qui parfois se IMG_6897.JPGlancent des signes plus ou moins énigmatiques de l'un à l'autre, s'ignorent ou se dévorent entre eux, ce qui est aussi une façon de s'ignorer, comme si tous ces livres lus, et la masse formidable de ceux que je n'ai pas lus et que je ne lirai pas constituaient un univers autonome dans lequel l'homme ne peut pénétrer qu'à ses risques et périls et, la plupart du temps, pour s'y perdre définitivement. C'est ainsi qu'André Lavacourt s'est perdu dans Les Français de la décadence, sans même le soupçonner et très probablement horrifié si quelque lecteur pour le moins conséquent s'était amusé, de son vivant, à l'heure où il ne cessait de publier de petits textes dans des revues homosexuelles évidemment introuvables ailleurs que dans les salles (la salle V, pour ce qui me concerne) de la Bibliothèque nationale, à lui faire remarquer qu'il s'était non seulement perdu mais que tout le monde ou presque l'avait oublié, avait en tout cas oublié l'existence d'un roman comparable, par sa puissance, au Voyage au bout de la nuit, et qui, lui, contrairement au grand texte de Céline, célébré y compris par ceux qui ne l'ont jamais lu, a disparu des consciences, si tant est qu'il y soit jamais rentré, plus fugace encore, qui sait, que le beau visage d'une jeune femme qui, à l'heure où j'écris ces lignes, n'est peut-être plus de ce monde, ou alors a bien changé depuis cette époque (les années 70), croisé dans l'une des revues où André Lavacourt a été susceptible ou, même, a pu écrire, lui qui visiblement n'avait pas le moindre goût pour les femmes.

2) La guerre de Madagascar (transposition de la g. d’Indochine et de Diên Biên Phu).

Nous pouvons donc dire que Les Français de la décadence, bien mieux que Le Labyrinthe de l'inhumain ou Le Roi en jaune, qui après tout sont des livres qui n'existent pas ailleurs que dans l'imagination de leur auteur et, sans doute aussi, de beaucoup de leurs lecteurs, appartient «à l'autre histoire de la littérature (qui IMG_6855.JPGest peut-être la vraie histoire de la littérature) : celle des livres perdus dans un couloir du temps, pas même maudits, mais simplement oubliés, et dont les cadavres, les ossements, les solitudes jonchent le sol de prisons sans geôliers, balisent d'infinies et silencieuses pistes gelées». Et nous pouvons dire aussi que Les Français de la décadence sont supérieurs à La plus secrète mémoire des hommes qui, comme tant d'autres romans parus ces dernières années, n'a la force de se tenir et de se sustenter qu'en tissant un réseau de références, en disant ce que d'autres livres ont mieux dit que lui, en y puisant et même, en y pillant, en convoquant à la barre d'autres auteurs, plutôt qu'en avançant par sa propre force, géant et non nain, fût-il savant et pétri de lettres, juché sur les épaules d'un géant; d'ailleurs, T. C. Elimane n'est-il pas accusé de plagiat, comme le fut l'écrivain qui servit de modèle à Sarr, Yambo Ouologuem, auteur du Devoir de violence qui fit scandale en 1968 ? Nous pouvons ainsi dire, avec Mohamed Mbougar Sarr auquel nous accorderons la lucidité d'une intelligence que l'on devine fine et sensible, que T. C. Elimane, comme lui-même finalement, Sarr, a voulu, avec Le labyrinthe de l'inhumain, montrer «l'énergie créatrice du mimétisme», et qu'il a échoué, car «sa tentative a tourné à l'artifice d'une construction brillante et érudite, mais vaine en fin de compte, tristement vaine» (l'auteur souligne).
Il est amusant de noter que plus d'une page du roman de Sarr peut évoquer non seulement Les Français de la décadence mais la vie de celui qui l'a écrit, André Lavacourt, qu'il s'agisse de la mention d'anciennes colonies de la France comme le Sénégal (l'Algérie, où Lavacourt/Couturier a vécu, Madagascar, qu'il évoque dans son roman), même si Couturier fut bien évidemment plus colon, ou représentant de la puissance coloniale en Algérie, que colonisé, ou, plus indirectement puisque me IMG_6099.JPGvoici chargé, en somme, comme Diégane Latyr Faye sommé par le fantôme d'Elimane d'écrire un livre sur sa quête, de la mission à laquelle le narrateur du roman de Sarr se voit obligé de souscrire : écrire un livre sur T. C. Elimane, qui n'aura cessé de le fasciner durant des années de méthodique enquête et même quête pendant lesquelles il aura patiemment reconstitué l'itinéraire fantasque de sa vie, tout en rencontrant des personnes, elles-mêmes écrivant des livres, qui l'auront plus ou moins connu et nous donneront, de ce mystérieux personnage qui, devenu vieux et retourné au Sénégal, ne pourra plus voir sous ses yeux un seul livre imprimé et, quand il en verra, les lacérera méthodiquement, comme possédé par une fureur démoniaque, des bribes de paroles, d'indices et de suppositions. Je doute franchement que je puisse jamais, désormais, m'entretenir avec une personne qui aura directement connu Pierre Couturier, sauf si bien sûr je pouvais tomber sur l'un de ses anciens amants, peut-être jeune ou même fort jeune à l'époque où il exerçait sa profession en Algérie et qui, en ce moment même, est en train de lire ces lignes, son regard s'embuant à mesure qu'il voit défiler, de sa jeunesse, tout un pan de souvenirs qu'il a peut-être décidé de ne plus jamais autoriser à remonter à la surface de sa conscience.
Rien ne s'efface, n'est-ce pas, dans la plus secrète mémoire des hommes, dans la más recóndita memoria de los hombres, en notant, au passage, que l'adjectif secrète ne traduit qu'imparfaitement l'adjectif original, recóndita , cachée ou, mieux encore, retirée, comme Rimbaud s'est retiré, comme d'autres écrivains, dont Juan Rulfo, et dont Enrique Vila-Matas a fait la théorie dans Bartleby et compagnie, se sont retirés, rien ne s'efface, même s'il vaut mieux, bien sûr, avoir encore la possibilité de rencontrer des témoins directs de celui que l'on recherche, même s'ils ont atteint un âge respectable et même si leurs souvenirs sont sujets à caution, à moins qu'eux aussi, ces souvenirs, se soient retirés dans quelque recoin inaccessible de leur mémoire. Rien ne s'efface et tout finit, toujours, par remonter à la surface, de la mémoire ou des souterrains où dorment les archives. Et, fort de cette certitude, ou plutôt de ce que je dois admettre n'être qu'un pari, absolument irraisonnable comme le sont tous les paris véritables, je n'ai guère été étonné que Paradiso, ce roman si absurdement foisonnant qu'il est difficile, une fois qu'on y est entré, d'en sortir, tout comme il était difficile d'y pouvoir entrer au-delà de quelques pages, me rappelle, une fois encore, Les Français de la décadence ou plutôt son auteur, André Lavacourt, qui, nous le savons, fit paraître plusieurs nouvelles et billets d'humeur trouvant place dans la rubrique Sel & Vinaigre de revues devenues elles-mêmes introuvables depuis qu'elles ont été frappées par IMG_6984.JPGl'implacable censure qui frappe les périodiques homosexuels dans les années 70, en France; voyons ce qu'en dit José Lezama Lima dans cet étrange passage dont il n'est pas besoin de préciser le contexte, vu que celui-ci ne nous apprendrait strictement rien, si ce n'est que nous ne sommes aux prises avec un certain Martincillo, bloqué, comme d'autres personnages, dans un bus en panne, ayant tendu son regard «vers la glace hispanique du café où il bondit de lettre en lettre d'une publicité : Ici tout est bon marché» qui, par l'un de ces innombrables jeu de langage dont le romancier a le secret, va se transformer en lavacourien slogan : «Arrivé au coin, il ressouda faits et mots en une nouvelle sentence péremptoire; ce fut comme une révélation d'une anéantissante soudaineté. La désolation des procréations salpêtrées et vinaigrées le terrorisait comme la vérole dévorant un viscère. Voilà ce qui soudain se souda dans sa tête et que l'amertume de la salive sembla joindre en un casse-tête babylonien : TOUT EST SEL ET VINAIGRE». N'est-ce donc pas là un signe que m'a envoyé quelque bizarre génie littéraire, pour me montrer qu'il me fallait persévérer dans mon enquête, et illustrer l'adage de mon cru selon lequel Un seul livre vous obsède et tous les livres lui font signe ?
Depuis que j'ai décidé d'évoquer le monstrueux roman d'André Lavacourt, des inconnus m'écrivent, lecteurs de plus ou moins d'allant, ou pas vraiment lecteurs quoiqu'ils soient eux aussi habitués à beaucoup lire, mais pas vraiment des livres imprimés, qui n'en pensent pas moins que la piste qu'ils ont suivie, peut-être parce qu'ils sont bien plus détectives que doux rêveurs comme je le suis, est susceptible de m'intéresser. J'avoue ainsi avoir commencé par être dubitatif lorsqu'un certain Manuel Mabire (qui m'a donné le droit de citer ses prénom et nom), via la messagerie de X/Twitter, un réseau sur lequel j'ai tenu mes lecteurs informés, depuis des mois, de la progression de mon enquête sur Pierre Couturier / André Lavacourt, et qui de fait s'apparente au tissage d'une toile pour le moment modeste mais qui finira bien, un jour qui sait, par parvenir à capturer notre si prudent écrivain, m'a assuré que, selon toute vraisemblance, il était parvenu à établir non seulement la date précise à laquelle Pierre Couturier était né, mais celle à laquelle il était mort, et c'est sans trop m'engager mais tout en le remerciant que je lui ai répondu que j'attendrais bien volontiers qu'il reçoive telle ou telle pièce qu'il avait requise pour pouvoir qualifier ses déductions archivistiques et généalogiques d'à peu près certaines. C'est moi qui ai fini par recevoir ladite pièce, après qu'il m'en a donné les références et, ainsi, ai pu confirmer ses dires. Oui, l'homme dont, par un autre biais que le mien, il avait pu retrouver les dates de naissance et de décès, était bel et bien Pierre Couturier signant André Lavacourt. Je me méfiai, ai-je dit, sans toutefois, à l'instar IMG_7064.JPGde telle universitaire, Sylvia Massias en l'occurrence, tellement douée qu'elle aura été capable de faire parler et même écrire Vincent La Soudière, être plus collé au cadavre d'un auteur qu'un vautour aux entrailles pourrissantes d'un animal dont il compte bien dévorer la moindre parcelle de chair encore comestible ou très franchement pourrie. Et puis, pour être tout à fait franc, je dois dire que les recherches entreprises pour en savoir le plus possible sur un auteur, comme si sa vie ne pouvait être à nos yeux qu'un de ces papillons desséchés exposés derrière une vitre les protégeant de la poussière, m'ont toujours semblé grotesques dans leur méticuleuse volonté de tout connaître. Je fais mienne, une fois de plus, cette remarque du narrateur du roman de Mohamed Mbougar Sarr, qui affirme que «toutes les personnes qui s'étaient lancées sur ses traces [celles de T. C. Elimane] avaient surtout cherché à dissiper le mystère de l'homme. Je demeurais attaché à celui de l’œuvre», comme je le suis, et même si je cherche évidemment à en savoir plus, le plus possible à vrai dire, sur la vie de l'homme, à seule fin de parvenir à dénicher ce que je considérerais comme la consécration de ma borgésienne, ou sébaldienne, ou bolanienne, ou sarrienne enquête. Dénicher quoi ? Un de ces manuscrits que Lavacourt a adressés à plus d'un éditeur (dont le plus connu, Gallimard, qui l'a ou les a retournés à son auteur, à moins qu'il ne s'en soit tout bonnement débarrassé), une photographie, une malle pessoenne a moitié décomposée où termineraient de moisir des liasses de papier...

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3) bavardages et promenades de 2 amis dans Paris et autour, commentaires des événements et passage à travers décomposition du pays : grèves, sabotages, etc.

Venons-en à l'enquête que Manuel Mabire m'a très aimablement adressée, se contentant de me dire que, pour la mener, seul le temps, et la patience qu'il faut pour le supporter, lui ont été nécessaires, bien que d'autres points devant être confirmés, certaines pistes intéressantes ou prometteuses suivies, eux, lui demanderaient plus que du temps, de l'argent bien sûr.
Guide_Rosenwald1943.jpeg«Il se peut qu'au fond chaque écrivain ne porte qu'un seul livre essentiel, une œuvre fondamentale à écrire, entre deux vides», ce qui aura été le cas, incontestablement, pour André Lavacourt qui pourtant, nous l'avons vu, a beaucoup écrit, et dont j'ai pu retrouver quelques-uns de ces écrits, sans pouvoir affirmer que je les aurais tous dénichés. Je vais me contenter de citer de larges extraits du texte que notre fin limier m'a envoyé, commençant par l'évocation d'une piste dont l'exploration est absolument logique, au vu de ce que nous savons de Pierre Couturier, par le biais de Francis Marmier : «La base de cette recherche est la phrase suivante : «André Lavacourt s’appelait en réalité Pierre Couturier», dans l’article Le mystère autour d’André Lavacourt, l’auteur des Français de la décadence, se dissipe publié le 5 novembre 2020 par mussonfaron sur le blog imagesenfuies.canalblog.com» (2). L’article susmentionné indique : «Il est probable que c’est l’oncle de Couturier, monsieur Herbelin, qui avait conseiller (sic) à son neveu ce repli. Herbelin était le maire d’Ouagla (sic) […]. Il était en outre marié à la fille du député algérien pro-français Sid Kara». En cherchant sur Internet, on identifie très rapidement l’existence d’un Jean Herbelin, indiqué comme maire d’Ouargla en Algérie puis quelques années plus tard, de retour en France, maire de Druyes (Druyes-les-Belles-Fontaines, dans l’Yonne) (3). Ces informations étaient déjà un peu plus précises qu’un simple «monsieur Herbelin» bien vague. Ensuite, une recherche sur geneanet.org (ou bien d’autres sites qui fournissent le même service) permettait d’identifier de façon assez certaine ledit Jean Herbelin, né le 10 novembre 1912 au Kef, en Tunisie et mort le 4 décembre 2001 à Druyes-les-Belles-Fontaines. Je n’ai pas écrit à la mairie de Druyes pour vérifier si le défunt était bien marié ou veuf d’une Sid Kara (cela peut toujours être fait !). Toutefois, je n’ai pas beaucoup de doute sur le fait qu’il s’agisse bien du «monsieur Herbelin» maire d’Ouargla. On trouve d’ailleurs un enregistrement au nom de Baya SID née en 1913 en Algérie et morte le 15 décembre 1995 à Auxerre… dans l’Yonne.»

4) vie d’une famille prolétaire type. Femme nourrit famille par son accouchement annuel. Mari ivre et libidineux - viole sa fille - laquelle accouchera pendant l’exode final lors de l’invasion russe, après nauséeux essais d’avortements. Séjour de la femme à la maternité particulièrement malpropre - Le [...] autres d’une [...] rue par le père qui la bat.

«Sur un autre site de relevé de naissances et baptêmes catholiques en Tunisie on trouvait bien un baptême au Kef en 1912 d’un dénommé Jean Charles Herbelin, fils de Léonce et Germaine Calmet (4). Sans aucun doute le même homme.
Une fois arrivé à ce stade de ma recherche, je suis assez perplexe. Si Pierre Couturier est le neveu de Jean Herbelin, cela signifie que Pierre est le fils d’une sœur de Jean Herbelin. Il est en effet improbable qu’il soit un neveu «par alliance», c’est-à-dire le neveu de sa femme, car on voit mal comment Pierre Couturier pourrait être apparenté aux Sid Kara. Or, comment Pierre pourrait-il être le neveu de Jean alors que Pierre est né en 1915 – ou vers 1915 – et Jean en 1912 ? Ce n’est pas impossible toutefois, si Jean IMG_7012.JPGHerbelin a une sœur beaucoup plus âgée que lui comme cela arrivait parfois dans les grandes familles avec un écart de 20 ou 25 ans entre le premier né et le cadet. Dans un tel cas de figure, le premier né, surtout si c’était une fille qui devenait mère plus précocement, pouvait engendrer un enfant qui se retrouvait à avoir à peu près le même âge que son oncle ou sa tante dernier né.
Problème : les parents de Jean (Jean Charles) Herbelin se sont mariés en 1911 en Algérie, et il est leur premier enfant. Dans le dossier de Légion d’honneur de Léonce, le père de Jean, il est d’ailleurs indiqué qu’en 1918 il a deux enfants, un garçon et une fille, ce qui correspond à Jean et sa première sœur, Anne, née en 1915.
Je me suis alors demandé s’il ne fallait pas remonter d’une génération pour trouver un lien entre Jean Herbelin et Pierre Couturier. Mais du côté de la mère de Jean, l’ascendance se situe en Algérie sur quelques générations, ce qui ne me semblait pas compatible, Pierre Couturier étant a priori originaire de la métropole. Du côté du père de Jean, j’ai fait des recherches sur les frères et sœurs de Léonce, à Noirmoutier-en-l’Île principalement, sans trouver aucune connexion avec un Couturier. Je passe sur les détails de cette recherche.»

5) La «jeunesse» - «l'étudiant» associé à une bande de malfaiteurs jeunes dirigés par un caïd lamentable - l'étudiant organise le cambriolage chez son père et finit par tuer le père - l'impuissant, sadique, tueur de bestiaux, qui a obtenu de «passer la nuit» à l'abattoir avec les bêtes... les «essais» impuissants avec la fille de l'ivrogne dans les terrains vagues - le viol d'une jeune riche... conclusion «il faut que je tue une femme» pr n'être + impuissant - il finira pdt la débâcle par s'assouvir sur un cadavre (souligné par l'auteur).

C'est à ce stade que notre redoutable enquêteur nous avoue ne rien avoir déterminé «permettant de trouver Pierre Couturier en passant par Jean Herbelin, et cette parenté entre les deux [lui] paraît relativement fictive. Ce premier axe de recherche étant, en ce qui [le] concerne, clôturé, il fallait en trouver un autre.»
Quel a été se second axe de recherche ? La profession de Pierre Couturier bien sûr, qui a permis à Manuel Mabire d'en apprendre beaucoup sur notre récalcitrant fantôme ! Je continue de le citer, saluant, une fois encore, l'imparable logique de ses déductions, et la maîtrise d'un savoir-faire, en cette fascinante matière qu'est la recherche archivistique, que je suis loin de posséder, même si j'ai fait, depuis quelques semaines, de fulgurants progrès cela ne fait aucun doute à mes yeux !
«L’article susmentionné indique : «Il était médecin stomatologiste, chirurgien dentiste et ancien professeur à l’École dentaire de Paris. Couturier a exercé à Paris avant de travailler en Algérie. Son cabinet parisien aurait été un cabinet haut de gamme avec, selon ses dires, une somptueuse salle d'attente décorée par le praticien en personne». Normalement c’est un type de profession qui laisse des traces dans les archives, car c’est un métier à études, à diplôme etc. Mais ce n’est pas simple, notamment car je ne connais pas l’année de son diplôme !
Si Pierre Couturier est né en 1915, je fais l’hypothèse qu’au maximum en 1943 il est chirurgien-dentiste (10 ans d’études max à partir de ses 18 ans). Étant donné que l’on sait que Pierre Couturier a exercé à Paris, je recherche sur le Bottin parisien de 1943. On y trouve un docteur Couturier au 90 boulevard du Montparnasse. Mais… il apparaît déjà sur le Bottin de 1935, ça ne peut donc pas être l’homme recherché.»

6) les milieux «dirigeants» ministère instable qui touche sous coups de jaloux qui... turpitudes des mœurs des ministres - affaires d’argent (mine de la maroufle) affaire de mœurs. La résistance de Mme Bèze et son hypocrisie) Mandrusse. Cazenavet.

«Grâce à une autre recherche (sur Jacques Borel !) menée par mes soins parallèlement, je découvre le Guide Rosenwald. C’est un annuaire des médecins et pharmaciens paru annuellement pendant près d’un siècle il me semble. Une partie a été numérisée par la BnF (1887-1949) et est disponible sur son site. Pour la période qui peut nous intéresser, on trouve les années 1935, 1938, 1939, 1943, 1945, 1946, 1947, 1948 et 1949 (carence pour 1936-1937, 1940-1942 et 1944).
Toutefois, un chirurgien-dentiste n’est pas un médecin. Je ne vais rien trouver sur ce type de professionnels dans le Guide. C’est là que je repense à un détail essentiel de l’article susmentionné. Pierre Couturier n’était pas seulement chirurgien-dentiste mais aussi stomatologiste (ou stomatologue). Or, les stomatologistes sont des médecins ! Voilà la bonne porte d’entrée dans le Guide. Et en effet, une recherche croisée me permet bien de retrouver dans la catégorie stomatologie un certain Pierre Couturier (et un seul). Plus précisément il apparaît dans le Guide Rosenwald de 1943, de 1945, de 1946, de 1947, de 1948 et de 1949 (n’oublions pas qu’au-delà de 1949 les volumes ne sont pas numérisés sur le site de la BnF). La mention le concernant dans le Guide est toujours la même au fil des années. Ci-dessous un exemple pour 1949».

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«1940 doit correspondre à l’année de début d’exercice ou de diplôme, ce qui est cohérent avec l’âge estimé. Prof. Ec. Chir. Dent. doit signifier professeur à l’école de chirurgie dentaire, ce qui est cohérent avec la mention «ancien professeur à l’École Dentaire de Paris» dans le blog susmentionné. Stom. correspond à stomatologiste. 63 av. Niel XVIIe est le lieu d’exercice. On peut imaginer un cabinet haut de gamme dans un tel lieu. srv. enfin signifie sur rendez-vous. Ce Pierre Couturier est d’ores et déjà un très bon candidat pour être l’homme connu du docteur Marmier. Mais comment réussir à l’identifier plus précisément ?», se demande Manuel Mabire, que je laisse poursuivre son raisonnement, avant que je ne le confirme d'e précise façon un peu plus bas.
«En général à cette époque les médecins avaient leur cabinet attenant à leur domicile, ou en tout cas dans le même immeuble. Dans la mesure où on dispose maintenant d’une adresse parisienne, le 63 avenue Niel, il est possible de consulter le recensement parisien de 1946. On trouve bien sur ce recensement au 63 avenue Niel (17e) Pierre Couturier, chef de famille, né en 1911, médecin. Il vit avec Fernande Guidoni, née en 1909, sa gouvernante (5).
Ensuite, dès lors qu’on connaît l’adresse de son domicile, il n’est pas très difficile d’identifier de qui il s’agit. La consultation de la liste électorale du 17e arrondissement de Paris donne invariablement le même résultat, à la réserve près d’une légère imprécision sur le mois de naissance, en 1945 (6), en 1946 (7) ou encore en 1951 (8).
Muni cette fois des nom, prénom, date (même approximative) et lieu de naissance, on trouve facilement l’acte de naissance de Pierre Couturier (9).»
IMG_6844.jpg«Pierre Couturier est né le 26 juin 1911, à 4h10, à Saint-Nazaire, 27 rue de l’Océan, chez ses parents. Il est le fils de Georges Lucien (prénom usuel Georges) Couturier, 26 ans, chirurgien-dentiste et de son épouse Germaine Eynard, 25 ans, sans profession.
Pierre Couturier a donc suivi les pas de son père en matière de profession ! Georges Lucien Couturier et Germaine Eynard s’étaient mariés le 5 mai 1908 à Paramé (35). Georges Lucien Couturier est né le 17 décembre 1884 à Paris 9e, et Germaine Eynard est née le 26 février 1886 à Saint-Germain-en-Laye (78). À noter que lors du mariage en 1908, Germaine est domiciliée officiellement à Alger avec ses parents. Son père est sous-intendant militaire, ce qui explique sa résidence à Alger. Les parents de Germaine se sont d’ailleurs mariés en Algérie (Blida) en 1882 (divorce le 23 février 1898). On peut dire que Pierre Couturier avait un lien avec l’Algérie par sa mère et sa famille maternelle.
Pierre Couturier grandit à Saint-Nazaire. Un site nous indique que la rue de l’Océan est aujourd’hui la rue Vincent Auriol. Elle mène vers le front de mer et le n°27 où est né Pierre semble situé dans le périmètre qui a été rasé pour construire la Préfecture bien plus tard. Le 27 pourrait être la grande maison en arrière-plan au centre de la photographie

7) L'assurance scientiste, en 1972, nous savons ce qu'est l'univers, la matière, l'électricité, etc.
8) «le peuple» - toujours en grève sous tous prétextes - paperasseries, bureaucratie, les intrigues des révolutionnaires, terroristes [...] (Mostefa le médecin). L’exhibitionniste à qui la police fait espionner ce qui se passe chez les Américains...
9) La débâcle (transposition de 1940 = les parisiens sur les routes de la fuite.
La conclusion par le fou (souligné par l'auteur) au moment du départ ultime de l’Américain en avion qd les Russes arrivent «on ne peut rien fonder sur une vison optimiste du monde».
L'acharnement des h à voir (Dieu) construire date du début des âges et doit continuer ds les siècles des siècles.


On me permettra de passer sur quelques autres détails concernant la famille Couturier, pour arriver à la suite des découvertes de Manuel Mabire : «La famille fait partie de la notabilité locale. Pierre Couturier, élève du collège Aristide Briand de Saint-Nazaire, réussit la 1ère partie de son baccalauréat, latin-sciences, avec mention assez bien à l’été 1929 (10), puis la seconde partie du baccalauréat, philosophie, à l’été 1930 (11). Reste l’oral… On suppose que Pierre a validé l’ensemble !
On trouve une mention de Georges Couturier et de son fils Pierre dans des comptes rendus du 8e congrès dentaire international à Paris en août 193120. Je n’ai pas réussi à identifier à ce stade où Pierre Couturier habite à partir du moment où il semble quitter Saint-Nazaire. Où a-t-il fait ses études de médecine ? S’est-il directement installé à Paris où il habite au moins certainement à partir du début des années 1940 ? On ne le trouve pas a priori sur le recensement de Paris en 1931 et en 1936. Je n’ai pas non plus trouvé pour le moment son recrutement militaire, à moins qu’il n’en ait été totalement exempté.
Dans le Bottin, que trouve-t-on quant à l’activité parisienne de Pierre Couturier ?
Il n’a pas encore installé son cabinet au 63 avenue Niel en 1941 (12) et 1942 (13) (ou alors la mise à jour du Bottin est tardive !). On sait qu’à partir de 1943 au moins il est recensé dans le Guide Rosenwald, inutile donc de refaire la recherche dans le Bottin. Mais peut-on essayer de déterminer jusqu’à quelle date il exerce avenue Niel ? Le Bottin recense toujours le médecin stomatologiste Pierre Couturier au 63 avenue Niel en 1951 (14), 1953 (15) et 1955 (16). On note toutefois en 1955 la présence à la même adresse (et il n’y était pas en 1953) d’un autre médecin stomatologiste, en plus de Pierre Couturier, à savoir le docteur Coiquaud. Sur le Bottin 1956 (17), Pierre Couturier a disparu de l’avenue Niel. Il reste le docteur Coiquaud au 63. On peut donc en déduire que Pierre a quitté son cabinet en 1955-1956 et a vraisemblablement passé le flambeau à son remplaçant, le docteur Coiquaud. Sans doute l’époque du départ vers l’Algérie ?»
Au passage, Pierre Couturier faisait de la photographie. Il a passé cette petite annonce dans le journal Le Photographe du 5 novembre 1947.

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Je suis passé plus d'une fois tout près du Pierre Couturier qui vient ainsi d'acquérir une date de naissance et une date de décès, notamment, sans y faire trop attention, en examinant une minuscule carte envoyée à son éditeur, Gallimard, portant l'adresse de son cabinet dentaire et que voici.

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IMG_6996.JPG Continuons à exposer quelques éléments de l'enquête de Manuel Mabire, qui écrit : «Recherchons encore des éléments supplémentaires permettant d’appuyer ma thèse (i.e. Pierre Couturier né en 1911 à Saint-Nazaire est le Pierre Couturier/André Lavacourt connu par le docteur Marmier).
L’article susmentionné indiquait : «Selon Marmier, Couturier était très discret sur ses faits et gestes d'avant sa venue en Algérie ainsi que sur sa famille. La seule chose dont Marmier se souvient, est que la mère de Couturier habitait La Baule, où elle louait des appartements. Elle renflouait son fils lors des visites estivales que lui faisait ce dernier, avec des pièces d'or disait-il.»
Remarque liminaire : Saint-Nazaire et La Baule sont deux villes géographiquement très proches.
De plus, Pierre Couturier avait de la famille à La Baule.
Par ailleurs, il me semble29 que le docteur Marmier ne rencontre pour la première fois Pierre Couturier que vers 1962. Or, Pierre Couturier, né en 1911 à Saint-Nazaire, a perdu son père en 1960. Il est donc normal qu’il n’ait été question que de la mère de Pierre Couturier, alors encore vivante, dans ses échanges avec le docteur Marmier, surtout sous l’angle des visites qu’il lui rendait l’été. A cela s’ajoute que le père de Pierre Couturier est mort à La Baule (9/12/1960) où il vivait désormais avec sa femme. Il est mort au 15 de l’avenue Franchet d’Espérey, probable adresse de son domicile même si ce n’est pas dit dans son acte de décès30. Aujourd’hui c’est une maison individuelle, sans doute déjà à l’époque. On peut supposer qu’après la mort de Georges Couturier, sa veuve Germaine, mère de Pierre a continué de vivre à La Baule, en parfaite cohérence avec les propos du docteur Marmier.»
«La mère de Pierre Couturier, Germaine Eynard, restée veuve, est décédée le 29 août 1972 au 2 boulevard Victor Duhamel à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Elle habitait alors au 16 rue Roger Salengro, dans la ville voisine de Rosny-sur-Seine (Yvelines).»
«Je n’ai pas mené de recherches à ce jour sur la vie de Pierre Couturier à son retour d’Algérie, notamment la période où il aurait vécu/exercé dans les Hauts-de-Seine. Sans doute est-il possible de corroborer encore ma thèse en cherchant dans cette direction.»
«Pierre Couturier est mort le 2 juillet 1994 au centre hospitalier de Perpignan (avenue du Languedoc) (18). Son acte de décès indique qu’il ne s’est jamais marié (célibataire). En effet aucune indication de mariage n’a jamais été mentionnée sur André Lavacourt/Pierre Couturier. Il est dit retraité, sans aucune référence à sa profession passée de chirurgien-dentiste ou stomatologiste ni bien sûr à son activité littéraire. Enfin, à son décès, il vivait à Argelès-sur-Mer (Pyrénées Orientales), 4 rue des Cygnes, une petite maison de plain-pied si c’est celle que l’on voit actuellement à cette adresse, ce qui est probable. Était-il propriétaire ? Si oui, qui a hérité ? Il faudrait faire d’autres recherches, payantes, pour le savoir.»
J'ai poursuivi cette piste, et la Direction générale Citoyenneté de la Loire Atlantique m'a envoyé copie (moyennant la somme de 15 euros) de la déclaration de succession de Georges Couturier, cotée 3 Q 10 /1441, et qui donne, comme adresse de son fils, Pierre Couturier, «Ouargla, Département des Oasis, célibataire, majeur». Voici donc la boucle bouclée, car nous savons désormais, avec certitude, que Pierre Couturier, alias André Lavacourt, est né en 1911 et non en 1915, selon une date apparaissant ici ou là, est décédé en 1994 et a vécu à Ouargla.
J'ai tenté d'ailleurs de savoir où était enterré Pierre Couturier, et j'ai pu l'apprendre en m'adressant au Centre hospitalier de Perpignan qui, fort aimablement et avec une rapidité qu'il faut saluer, m'a indiqué que notre homme avait été enterré le 6 juillet 1994 à 11 h 00 au cimetière du Sud.
IMG_7002.JPGJ'ai alors contacté la mairie de Perpignan qui, là encore, avec une célérité pour le moins bienvenue, m'a donné le numéro de la tombe, introuvable par des moteurs de recherches spécialisés dans le domaine funéraire. J'ai pu m'assurer, auprès d'un ami, qu'il irait prendre des photos de la tombe dont je lui ai fourni l'emplacement précis. Ce sera, ainsi, une façon de donner une image à un mort, et de rappeler quelque peu André Lavacourt à la vie, à celle du moins, littéraire, à laquelle il a droit.


Notes
IMG_6913.JPG* Ces extraits ponctuant la note ont été déchiffrés par plusieurs personnes que je remercie à partir d'un feuillet recto / verso où le prolifique et bien oublié Léon Émery a consigné quelques notes sommaires sur la trame des Français de la décadence. C'est donc une version composite que j'ai retenue pour cette note, choisissant les hypothèses les plus probables toutes les fois que le texte devenait illisible. C'est complètement par hasard que je suis tombé sur ce témoignage manuscrit d'un lecteur, pour le moins conséquent, du roman de Lavacourt, dans le fonds d'archives déposé à l'Inguimbertine. Très aimablement là encore, une reproduction du texte en question m'a été envoyé. Je n'ai pas trouvé trace d'une quelconque note de lecture que cet auteur aurait pu faire paraître, par exemple dans un des numéros des Cahiers libres, sous-titrés Revue d'information et de culture s'étendant des années 60 à 70 pour une possible occurrence du roman de Lavacourt, qui furent imprimés à Lyon. J'ai souligné les mots dont la lecture reste soumise à interprétations.
(1) Je cite La plus secrète mémoire des hommes dans l'édition donnée par Le Livre de Poche, 2024, sans donner la pagination exacte, afin de ne point trop alourdir cette note de références que, pour le coup, tout lecteur sera parfaitement capable de vite retrouver.
(2) Cet article, auquel je m'étais référé et qui m'avait permis de discuter avec son auteur, ne semble plus consultable.
(3) Voir ici.
(4) Voir ici.
(5) Archives de Paris, recensement de 1946, 17e arrondissement, quartier Ternes, îlot 3775, D2M8 915, vue
55/271.
(6) Archives de Paris, 48W 100.
(7) Archives de Paris, 48W 169.
(8) Archives de Paris, 48W 447.
(9) Archives départementales de Loire-Atlantique, état civil de Saint-Nazaire, N, 1911, 3E 184 / 129, vue 71/155.
(10) Archives départementales de Loire-Atlantique, presse, Le Courrier de Saint-Nazaire, 3 août 1929, vue 2/8.
(11) Archives départementales de Loire-Atlantique, presse, Le Courrier de Saint-Nazaire, 6 juillet 1930, vue 2/8.
(12) Archives de Paris, 2Mi3 / 321.
(13) Archives de Paris, 2Mi3 / 326.
(14) Archives de Paris, 2Mi3 / 369.
(15) Archives de Paris, 2Mi3 / 380.
(16) Archives de Paris, 2Mi3 / 390.
(17) Archives de Paris, 2Mi3 / 395.
(18) Mairie de Perpignan – acte de décès du 2 juillet 1994, n°1195.

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