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27/10/2021
Dune : quelques questions autour du destin messianique



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Ce n'est qu'à l'occasion de deux courts articles, ci-dessus rappelés, que j'ai directement évoqué le livre de science-fiction qui est très probablement le plus connu au monde. Un troisième texte, beaucoup plus récent puisque je l'ai mis en ligne voici quelques jours, rappelle quelle est l'origine de la grande révolte future que les humains conduisent contre les machines pensantes. Voici les premières lignes de ma contribution, elle-même modeste, au récent ouvrage collectif dirigé par Lloyd Chéry, Tout sur Dune, publié chez L'Atalante. Il s'agit de la version augmentée d'un mook qui, victime de son succès, a été réimprimé.
Enfin, les illustrations sont celles, évidemment, de Chris Foss.
Après tout, Dune (1) pourrait être lu comme la tentative de cerner l’expérience mystique de Paul Atréides s’ouvrant au flot des possibles temporels, dépassant le seul stade du Kwisatz Haderach pour se transformer en… quoi ? Nous ne le savons pas précisément, et Frank Herbert, en romancier rusé, ne nous donne que des indices dispersés non seulement dans Dune mais dans ses suites, tout en répétant que son héros possède la claire conscience de ce qu’il ne cesse d’appeler un «but terrible», qui n’est pourtant pas le fait de devenir un Mentat (cf. p. 60), ni même autre chose que le Kwisatz Haderach. Peut-être, alors, une espèce de «gom jabbar humain» (cf. p. 15) chargé, en conduisant la guerre sainte, de brasser les possibilités de croisements génétiques quasiment infinies, de «mêler les lignées en un immense et nouveau bouillon de gènes» (p. 258) ? Ou bien, en s’insérant dans le plan multi-millénaire de sélection génétique rigoureuse et d’ensememencement prophétique auquel s’est livré le Bene Gesserit sur plusieurs mondes, dont Arrakis, s’agit-il de montrer que le Messie lui-même n’est que l’outil dont se sert quelque puissance inconnue, qu’Herbert désigne à demi-mots dans le dernier volume de son cycle, à moins que la parabole conclusive de ce même texte ne redonne, ironiquement, son pouvoir de démiurge à l’écrivain lui-même, et réduise son personnage à ce qu’il est : une créature de papier ?
Note
(1) Nous citons le texte dans la dernière édition, paraît-il revue et corrigée mais point dépourvue de fautes (traduction de Michel Demuth, préfaces de Denis Villeneuve et Pierre Bordage, postface de Gérard Klein, Robert Laffont, 2020).
Lien permanent | Tags : littérature, critique littéraire, science-fiction, dune, frank herbert, tout sur dune | |
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